Deux siècles avant la naissance du Christ, Baruch, poète et prophète du Seigneur proclame et chante l’Espérance de tout un peuple jusque là tenu en esclavage en territoire babylonien sous le règne de Nabuchodonosor.
Qu’est-ce qui s’est passé ? Israël s’est dévoyé et son péché l’a rendu vulnérable au point que Nabuchodonosor s’est emparé de son royaume et a déporté à Babylone le roi (Jékhonias, fils de Joakim, roi de Juda) ainsi que les chefs du peuple, les scribes, toutes les autorités et une bonne partie du peuple. Israël a donc connu la misère, l’humiliation, la tristesse. Mais au milieu de cette misère et de cette humiliation le Seigneur a fait se lever un prophète pour aider les déportés à garder la foi et l’espérance en Dieu : c’est le prophète Baruch. Il a aidé le peuple à reconnaître ses fautes, son entêtement, son obstination à faire ce qui est mal aux yeux du Seigneur. Ayant pris conscience de cela, tous, comme un seul homme, ont confessé le péché de leurs pères et les leurs propres (Ba 1, 15-22) ; après ils ont présenté au Seigneur leurs supplications (Ba 2-3). Ainsi le poète et prophète Baruch les exhorte et les console. Dieu qui n’est que Miséricorde a entendu les supplications et accordé le pardon à son peuple. Par la bouche de son serviteur, le prophète Baruch, Il leur annonce le retour sur la terre de leurs pères.
Ce retour chanté par Baruch est bien sûr œuvre de la grâce de Dieu ; c’est l’amour sans œillères de Dieu qui se souvient de ses enfants en difficulté qui se manifeste. Mais il est aussi le fruit d’un acte de conversion d’Israël et d’une prise de conscience de ses fragilités, de ses égarements, de ses péchés. Israël ayant reconnu son éloignement est revenu à Dieu. Le peuple a fait ce que Jean Baptiste, le précurseur, demande à ses compères tel que nous le rapporte Luc dans son Evangile. Comme dans la parabole du fils prodigue, Israël est revenu vers le Seigneur. C’est aussi, un peu, à l’image de la demande de pardon du roi David qui a tué Ourias le hitite, son soldat, parce que le désir charnel l’a conduit à se laisser aller avec Bethsabée, fille d’Eliam et épouse de Ourias. Et les exemples sont foison dans la bible et dans notre quotidien.
De tout ceci je retiens que le Seigneur fait miséricorde à quiconque reconnaît son péché et demande pardon ; il ne garde pas sa colère de toujours à toujours. Il délie les enchaînés qui en ont conscience ; de la poussière il relève le faible. Mais comment bénéficier de cette grâce si on ne relie pas notre vie pour y extraire les conséquences de nos fragilités.
La démarche entreprise par Israël, démarche qui a abouti à l’annonce du retour de l’exile et aux joyeuses retrouvailles entre Dieu et son peuple, selon le livre de Baruch, et la proposition que Jean Baptiste fait à ses contemporains, devraient, en ce temps particulier de l’Avent nous interroger et nous sortir de nos cachettes où la honte de nos fautes et de nos péchés nous a introduit pour demander pardon à celui qui nous aime plus que nous-même ; pour préparer le chemin de celui qui vient selon l’annonce faite par le prophète Isaïe : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers, combler les ravins, abaisser les montagnes et les collines, redresser les passages tortueux, aplanir les chemins rocailleux etc. »
Quoi faire exactement ? Il ne peut y avoir de proposition unique et univoque. Cependant toute démarche qui intègre la relecture de notre relation avec le Seigneur, la prise de conscience de nos fautes, de nos péchés, la demande de pardon et de supplication, la réparation des fautes commises, bref une véritable démarche pénitentielle, peut être considérée comme un retour d’exil, une vie de communion avec le Seigneur, une résurrection, une libération des entraves du péchés. Car comment dire la joie du Seigneur qui nous sort de l’esclavage et de ténèbres de nos péchés pour nous ramener à son admirable lumière sans combattre les causes qui engendrent tristesse et misère !
Puisse le Seigneur qui vient nous aide à lui ouvrir les portes de nos cœurs, qu’il y demeure et nous conduise sur le chemin de la vie éternelle.