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Paroles pour un dimanche

Trente-deuxième dimanche du temps ordinaire / Année B

Trente-deuxième dimanche du temps ordinaire / Année B

Week-end des 10 et 11 novembre 2018

Centenaire de l’Armistice de la première Guerre Mondiale. Commémoration des morts pour la Patrie. Fête de Saint MARTIN de TOURS, donc fête patronale de notre paroisse : fête de tous les paroissiens ; de tous les bezonnais.

Le jour de l’armistice, les cloches avaient sonné pendant 11 minutes, symbolisant l’heure qu’il était, à raison d’une minute par heure. C’était une joie immense de savoir que le complexe de supériorité qui avait conduit à vouloir prouver que les uns étaient supérieurs aux autres, entrainant ainsi d’énormes pertes en vies humaines et des dégâts matériels incommensurables, avait fait place à l’humilité, à l’abaissement bref, à la reconnaissance de la vraie valeur de l’homme : la paix.

Les petites gens, avaient donné tout ce qu’ils avaient de meilleur, leurs vies, jusqu’au jour où Dieu leur a fait grâce d’avoir enfin la Paix. Je ne nie pas ici le rôle qu’ont joué les grands de cette époque. Mais je fixe volontiers mon attention sur les petites gens parce que c’est d’eux qu’il est questions dans la liturgie d’aujourd’hui.

Que se passe-t-il ?

Deux femmes veuves. Une figure des personnes qu’Israël ancien rangeait dans la catégorie de ceux pour lesquels on devrait être attentifs et charitables, comme l’orphelin et l’étranger. On peut y ajouter les aveugles, les impotents et les mendiants. Les deux veuves sont généreuses. Par contre la première est païenne et vit en territoire païen. Et grâce au prophète Elie, sa générosité est récompensée. 

Un rappel : Elie lutte contre l’intrusion des dieux païens en Israël sous l’influence de Jézabel. On attribuait à ces dieux la fertilité du sol grâce à la pluie dont ils étaient les maîtres. Elie s’y oppose et prêche le Dieu vrai, celui qui s’est révélé à Israël pour que ce dernier, Israël, puisse le révéler aux autres peuples. Pour prouver la droiture et la véracité de son propos, Elie annonce de la part du Seigneur une sécheresse qui ne cessera qu’à sa parole. Depuis, la sécheresse sévit et les faux dieux n’y peuvent rien ; ils sont confondus. Devant la menace de Jézabel Elie se réfugie à SAREPTA, terre païenne. Et c’est en terre païenne que le Seigneur prend soin de lui à travers cette veuve païenne qui, en toute franchise,  donne tout ce qui lui reste de nourriture et se voit comblée par le Dieu vivant alors que les israélites infidèles payent de leur infidélité à Dieu.

La veuve de SAREPTA a le mérite d’avoir cru la parole qui lui fût dite par Elie le prophète du vrai Dieu. La veuve de SAREPTA nous révèle la confiance que nous devons avoir en la promesse de Dieu, car la foi passe et grandit souvent par cet abandon confiant.

Comme nous le chantons, laisserons-nous un peu de place à l’étranger en lequel Dieu nous visite et nous parle ? Inviterons-nous à notre table celui que nous n’avons pas programmé ? Donnerons-nous avec plaisir ce qui nous tient à cœur  à des personnes qui ne sont pas de notre progéniture ?etc, etc.

La deuxième veuve, celle de l’Evangile, fait l’objet d’admiration de la part de Jésus parce qu’elle a mis dans le tronc de l’offrande tout ce qui lui restait de fortune : deux piécettes d’argent. 

Ce que je comprends de cette leçon de Jésus c’est que la valeur du don ou du service n’est pas proportionnelle à la quantité mais à la qualité et à la disposition du cœur de celui qui donne ou fait.

Méfiez-vous, dit Jésus, de ceux qui tiennent qu’on les voit, qu’on dise du bien d’eux, qui donnent l’impression de servir alors qu’à la vérité ils sont en recherche de leur propre satisfaction.

Ici je voudrais m’interroger au sujet de ceux qui dans l’Eglise, et même dans des associations laïques, se plaignent de tout faire seul alors qu’ils ne sont pas prêts à céder une portion de leurs taches. Sous couvert du désir de bien faire les choses, ils tiennent savamment les autres à distance parce que craignant de se voir éjecté. Prêtres et laïcs, petits et grands, personne n’est à l’abri de cette tentation.

Ce n’est pas à force de dire Seigneur, Seigneur, que nous rentrerons dans le royaume des cieux, mais c’est en faisant la volonté de Dieu, comme le Christ Jésus nous l’a enseigné et  l’a vécu lui-même. C’est ce que vient nous rappeler la lettre aux Hébreux dont l’auteur évoque le don total et définitif du Christ, mort en croix, pour sauver toute la création. Les  deux figures des veuves qui dominent la liturgie d’aujourd’hui  préfigurent  le sacrifice du Christ. Il ne s’est pas gardé pour lui-même. En mourant  il a tout donné pour que désormais nous n’ayons plus besoin  du sang des bêtes pour expier le pécher et renouer les liens de notre filiation divine. Comme a été acceptée et appréciée l’offrande de la veuve, ou comme a été exaucée la prière de Elie contre les faux prophètes de Baal et les faux dieux de Jézabel, et pour que la veuve de SAREPTA ne manque plus de nourriture, notre prière, en rejoignant celle du Christ Fils de Dieu, parvient jusqu’au Père Créateur.

Puissions-nous en ce jour de notre fête patronale demander à saint Martin et à tous les nôtres qui ont payé de leur vie dans toutes les guerres que le monde a connu d’intercéder pour nous, par Jésus le Christ notre Seigneur. AMEN !

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