Ex 3, 1-8a.10.13-15 // Ps 102 // 1Co 10, 1-6.10-12 // Luc 13, 1-9.
«……J’irai donc trouver les fils d’Israël, et je leur dirai : le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous……..Ils me diront : quel est son nom ; que leur répondrai-je ? »
Moïse pose une question qui paraît normale, surtout dans le contexte de l’Egypte ancienne où chaque dieu porte un nom, et est maître d’une réalité de la vie humaine. Au milieu de cette multitude de dieux, il faut compter celui du peuple d’Israël. Moïse veut savoir le nom du Dieu qui lui parle. Mais la réponse qu’il obtient est, à la vérité, une fin de non-recevoir à sa curiosité humaine, car on ne peut connaître Dieu ; le nommer c’est le cerner ; c’est le définir : « Je suis qui je suis.»
Le Dieu que rencontre Moïse est celui que l’on ne peut découvrir qu’au cœur de l’expérience de sa présence et de son action pour les hommes ; l’expérience de sa présence et de son action au milieu des hommes qu’il sauve. Cette expérience nous permet de le découvrir et de le voir à l’œuvre dans le pauvre angoissé, dans le petit croupissant dans la misère, dans l’exploité sous l’emprise de la ruse de l’exploiteur etc. Il les sauve parce qu’il voit leur misère, entend leurs cris de détresses. Il est avec eux pour les délivrer.
On ne peut connaître ce Dieu que si l’on se compromet avec lui, comme Moïse, pour devenir l’instrument de la délivrance de son peuple opprimé, brimé, exploité et brisé de multiple manières. « En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »
Le Dieu qui missionne Moïse pour sortir le peuple hébreux de l’esclavage en Egypte est un « DIEU-AVEC-NOUS. », comme le dira plus tard l’Ange Gabriel à Marie : « Tu enfanteras un enfant et, tu lui donneras le nom EMMANUEL, c’est-à-dire, DIEU-AVEC-NOUS. » C’est donc un Dieu proche de l’homme.
Cependant la proximité de ce Dieu vis-à-vis de l’homme ne le laisse pas corroborer la révolte, le péché et les abominations de celui-ci. C’est ce que l’on peut comprendre de l’épitre de Saint Paul aux corinthiens et de l’Evangile du figuier stérile.
Notre assurance chrétienne ne doit pas nous faire oublier notre fragilité ; il nous faut toujours rester éveillés, car « l’esprit est fort, mais la chaire est faible », disait Jésus à Pierre et aux deux fils de Zébédée, dans le jardin des oliviers, avant son arrestation (Mt 26, 41). Les sacrements et toutes les formes de prières et de piétés ne nous dispensent pas des éventuelles chutes du péché.
Illusion que de se croire tout connaître, tout voir et même en capacité de tout éviter, grâce à nos propres efforts. Il n’y a que Dieu qui peut nous assurer la protection et la solidité, face aux attractions pécheresses. D’où la nécessité d’en avoir conscience et de nous tourner résolument vers lui.
Avec la parabole de l’Evangile, Jésus considère Israël comme le figuier stérile que le patron de la plantation -Dieu- s’apprête à couper. Mais lui qui est le vigneron, l’ouvrier, l’envoyé de Dieu, pour sauver ce qui était perdu, défend pour que, ses trois années de ministère publique, et la portée de son enseignement dans la suite des âges profitent à tous les figuiers stériles, que chacun de nous peut se reconnaître d’être. Il nous défend au près du Père des cieux qui nous accorde un sursis. Grâce à sa Parole qui est vie, et qui redonne vie, nous sommes nourris, transformés et à même de porter des fruits de l’esprit, des fruits dont notre monde a besoin ; c'est-à-dire, la Paix, l’amour, la charité, la bienveillance etc.
En faisant allusion aux galiléens massacrés par Pilate aux dix-huit victimes des décombres de la tour de Siloé, Jésus ne fait pas l’apologie de la mort subite, mais il invite à comprendre l’importance du moment présent que chacun doit vivre avec le Seigneur, lui, le seul, maître du temps et de l’espace. Il nous rappelle la brièveté de notre existence. D’où la nécessité d’être toujours prêt, de veiller dans la prière, car nous ne savons ni le jour, ni l’heure.
De tout cela, une assurance nous reste et devrait nous mettre en joie quotidiennement : Dieu, en son Fils Jésus, par lui, avec lui et en lui, a prorogé la vie des figuiers stériles que nous sommes ; il nous a surtout renouvelé sa confiance en faisant de nous des ambassadeurs de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ : « Allez par le monde entier, proclamez l’Evangile à toutes les créatures. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé. » (Mac 16, 15-16).
Que dans sa miséricorde, Dieu nous accorde, à tous, la grâce de la conversion et, nous rende digne de porter des fruits de sa grâce dont notre monde a besoin. Par Jésus, le Christ notre Sauveur AMEN !