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Paroles pour un dimanche

Quatrième dimanche du temps ordinaire de l'année C

 Homélie du deuxième dimanche du temps ordinaire de l’année C

«  Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. »

Tant qu’il annonce les choses qu’ils veulent entendre, Jésus est accepté comme le prophète qui  vient de Dieu. Celui qu’il faut écouter.

Il dit être venu porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés ; annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.

Pour ce message, ses interlocuteurs lui rendent témoignage. Ils, ce sont les fils d’Israël qui  ont connu plusieurs fois la déportation. Ils connaissent une occupation depuis de longues dates. La richesse de leur pays est spoliée, volée et emmenée à l’étranger. Ils sont dominés. Tout ceci par des étrangers.

Et le texte que Jésus lit, dans lequel  il se reconnaît et, pour lequel il dit que : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre » (Esaïe 61, 1-2), évoque la vengeance de Dieu pour réconforter les endeuillés, mettre aux endeuillés de Sion un diadème ; l’insigne du pouvoir (v.2b).

Donc le peuple est en attente de retrouver son honneur. Il est en attente de récupérer ses terres occupées par les romains. Il faut que l’étranger parte. L’attente est pressante, il faut donc vite donner des signes que cela va se faire. L’année de grâce accordée par le Seigneur est donc vue dans l’optique d’une libération politique et non spirituelle. L’année de grâce, ce n’est pas être encore avec l’occupant romain. L’année de Grâce s’est se retrouver uniquement entre eux.

Voilà pourquoi les exemples de la veuve de Sarepta, au pays de Sidon, une veuve étrangère, et de Naaman, le syrien lépreux, purifié, ne peuvent que susciter le courroux de ceux qui attendaient la libération politique d’Israël. Il n’est donc pas étonnant que les paroles de Jésus déclenchent  une fureur meurtrière parmi les habitants de Nazareth. L’horizon de la croix est ainsi tout tracé pour Jésus. Six siècles plus tôt le Prophète Jérémie avait fait la même expérience.

«  ……Avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je faisais de toi un prophète pour les nations…..tu diras contre eux tout ce que je t’ordonnerai……Ne tremble pas devant eux, sinon c’est moi qui te ferai trembler devant eux…. »

Mais pourquoi Jésus cite en exemple, comme grâces de Dieu, des faits qui concernent les personnes étrangères à la foi juive, des personnes païennes ?

-La Bonne Nouvelle n’est pas circonscrite uniquement aux enfants d’Israël. L’année de Grâce n’est pas réservée uniquement aux juifs, mais à tous ceux qui s’ouvriront à la Parole de Dieu venue ans le monde ; juifs ou pas, croyants ou pas, etc.

-Avant Jésus, les pieux croyants ne s’attendaient qu’à la colère de Dieu contre les païens. Ils ne pouvaient pas s’imaginer que Dieu puisse accorder ses grâces à ceux qui ne le connaissent pas. La Bonté du Seigneur était un bien réservé aux seuls juifs ou à ceux qui adhéraient non pas à la foi, mais au culte juif.

-En citant des exemples de la Miséricorde de Dieu accordée aux païens, Jésus souligne la dimension universelle de celle-ci. Dieu aime tous les hommes. L’Amour de Dieu est pour tous. Il ne peut faire d’un côté les damnés, et de l’autre des sauvés, du fait de leur appartenance géographique ou cultuelle.

-Jésus ouvre les limites de l’Amour de Dieu, que l’homme, dans son égoïsme, s’était imaginé, restreintes à sa convenance.

-La libération dont Jésus parle, concerne l’homme prisonnier de ses mauvais penchants ; c’est une libération spirituelle ; il s’agit de retrouver la vue par l’Esprit qui est lumière du cœur.

-Il s’agit de retrouver la grâce de l’Amour de Dieu qui prend patience, qui rend service, qui ne jalouse pas, qui ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil, qui ne recherche pas son intérêt égoïste, qui n’entretient pas de rancune, ….qui trouve sa joie dans ce qui est Vrai.

Malheureusement, aujourd’hui encore, on en trouve, et en grand nombre, ceux qui dénient le droit de cité à ceux qui ne  partagent pas leurs opinions. Ils sont nombreux, ceux qui sont fermés et refusent de voir la grâce de Dieu se manifester aux personnes considérées étrangères à la foi. Ils sont nombreux ce qui voudraient ramener Dieu uniquement à ce qu’eux font.

Puisse Jésus nous ouvrir à l’Amour sans frontière de Dieu. Que la grâce du Baptême et de l’Esprit Saint nous aide à rechercher avec ardeur les dons les plus grands que sont : la Foi, l’Espérance et la Charité.

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